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N° 8 - DECEMBRE 2010
 

 
 
 
En ces veilles de fêtes, notre Gazette ne sera pas trop sérieuse: elle va parler de mangeaille! De ce que nous allons manger pour abolir la peur ancestrale de ne pas voir le soleil revenir, ou qui sait, de voir le ciel nous tomber sur la tête. Pas si fous que ça ces Gaulois: et si la lumière ne revenait pas! C'est la grande terreur de la  nuit hivernale.

Sous nos latitudes, l'hiver est une saison à suspense pour les animaux et pour nous apiculteurs qui vivons en osmose avec «elles». «Elles» sont momentanément inaccessibles, soustraites à notre envie de les voir. «Elles» nous manquent et dans ces moments-là, en manque de foi et d'espérance, rongés par le doute, nous pouvons nous demander des jours et des jours si nous avons vraiment tout fait pour qu'elles passent le cap de l'hiver, que le petit feu puisse repartir et flamber très haut au printemps lorsque le pays se recouvrira de fleurs. Les abeilles sont tellement douées pour déjouer nos idées reçues et nos certitudes, qu'avec elles, nous avons toujours matière à nous inquiéter, douter, nous interroger.

Derrière chaque ruche, il y a l'attention inquiète, parentale, d'un apiculteur.

 
«Non mortalité»?
Une question qu'on nous pose souvent quand nous parlons de «non mortalité» de nos abeilles élevées sur un mode traditionnel inspiré des ruches troncs: «Oui mais alors! Comment vous traitez vos abeilles?» Sous entendu pour parvenir à ce qu'elles survivent à peu près comme leurs ancêtres, malgré une époque vraiment pas bonne pour elles.

Évidemment, à cette question, beaucoup de gens espèrent une réponse sous forme de recette facile, si possible pas chère, voir gratuite, obsédés que nous sommes par l'illusion de la gratuité, propre à notre culture du gaspillage.

La recette, du moins la nôtre, a un certain prix. Ce n'est pas un coût matériel du reste, car elle n'est pas liée à l'emploi de telle ou telle molécule, qu'elle soit de synthèse ou plus ou moins naturelle, et ce n'est pas non plus une question de dosage ou de nombre d'applications.

Cette recette repose sur des principes basiques, comme ceux contenus dans les écrits de Bernard Palissy, les fables de La Fontaine, l'Ancien Testament, le Coran ou tout autre vieille littérature. Ces principes simples sont très souvent déroutants par leur efficacité, bien que fort peu utilisés. Par exemple, prenons cette bonne vieille Bible, plus ou moins proche de nous et en lien direct avec les fêtes de Noël, on y trouve l'idée de «ne pas faire à autrui (en l'occurrence l'abeille) ce que nous ne voudrions pas que l'on nous fasse».

Voilà déjà toute un registre de choix et de décisions à prendre, sur ce qu'il y a lieu de faire ou de ne pas faire à l'abeille, en lui faisant manger ceci ou cela. Fondamental ce choix, car ce n'est pas pour rien que la communion dans toutes les cultures, religions ou simples usages, passe par l'absorption de liquides ou de solides alimentaires. Depuis le pain azyme au pastis.

L'aliment étant, nous dirait le brillantissime Jean François Narbonne, véritable Mozart de la toxicologie, ce qui met en relation «men» l'homme avec «ali», la lumière et «tara», la terre. Cette interprétation basée sur des racines de sanskrit ou d'indoeuropéen, cette histoire du mot. dit que ce qui nous alimente est le fruit de la rencontre de la lumière qui frappe la terre, déclenchant une suite d'événements physiques, chimiques ou alchimiques, aboutissant au final à combler de joie nos nez, nos yeux, nos ventres d'êtres humains ou d'abeilles: d'«ali-men-tara».

 
Traiter l'abeille comme nous traitons nos amis, nos enfants, implique de lui donner de bons «aliments». Ce qui signifie toute une série d'opérations, de recherches permanentes, d'attentions à sa biologie, et bien évidemment aussi, à la nôtre.

Par suite, au terme d'une série d'opérations, l'apiculteur peut considérer le travail de collecte et d'élaboration d'énergie solaire resurgie dans les fleurs à l'état de nectar, comme une création unique,  au sens artistique, répondant à un assemblage des arômes et des molécules disponibles dans un milieu donné à une saison donnée. Parler du miel comme ça n'est pas exagéré. Au contraire, c'est la moindre des choses, le moindre des respects dus à ces "docteurs en chimie" que sont les abeilles.

Dès lors, le miel qu'elles nous donnent n'est plus un produit classifiable dans les standards peu signifiants de miel dit «de cru» ou «toutes fleurs»*. Il est une création aromatique, un aliment  unique en chaque lieu de la terre, cosmique par sa dimension. Chaque miel élaboré nous raconte une nouvelle histoire magique, celle de la lune ou de la pluie sur telle ou telle fleur, celle d'un vent froid venu quand on ne l'attendait pas, … Un charme qui fait du bien aux abeilles et aux apiculteurs, et à tous ceux qui mangent du miel.

Bon appétit! Bonne santé!

 
* sans parler de l'appellation tous à fait légal de «mélange de miels originaires et non originaires de la CE». Sans commentaire.


 
Post-Editorial
C'est un plaisir de vous retrouver en cette période de fêtes, après une aussi longue absence. Fêtes pour les hommes, mais aussi pour les abeilles, qui en cette période de solstice et malgré les nombreuses journées d'hiver à venir, perçoivent l'allongement des jours et ses promesses.

Mais si nous n'avons pas pu prendre le temps de communiquer à travers notre Gazette ces derniers temps, des choses, il s'en passe. Nous aurons l'occasion d'y revenir plus amplement, mais nous pouvons déjà brièvement citer:
  • Le tournage cet été d'un reportage sur l'Arbre aux abeilles dans le cadre de l'émission Passion patrimoine – Des racines et des ailes. Nous vous communiquerons les dates de diffusion dès que nous en aurons connaissance.

  • Notre participation à la mise en place d'un réseau transnational de protection de l'abeille noire.

  • Les premières de nos séances d'initiation: «Entre dans la ruche» dont les superbes images prises par Alain Joffart illustrent cette gazette. Vous pouvez trouver une présentation détaillée de cette animation en PDF dans notre toute nouvelle rubrique "Découverte > Initiation" ainsi que d'autres photos dans la "Galerie photos".

  • Nous espérons pouvoir communiquer rapidement sur nos recherches concernant la défense contre le frelon asiatique. Recherches qui avancent bien en grande partie grâce à notre ami Claude Pellecuer et suscitent l'intérêt du Parc National des Cévennes qui soutient moralement et financièrement nos actions de conservations de l'abeille noire.

  • Une nouvelle rubrique "Questions fréquentes" où nous reprendrons les questions qui nous sont le plus souvent posées. N'hésitez pas à les consulter avant de nous contacter. Nous répondons à vos questions avec plaisir, mais parfois le temps nous manque et nos réponses tardent.

  • Sans parler des nombreuses conférences, animations, présentations, auxquelles nous avons participé dont vous avez pu suivre les annonces dans notre rubrique "Agenda", et qui jour après jour tissent des liens durables et chaleureux.

Bonnes fêtes à tous

 
Photographies Alain Joffart

Photographies Alain Joffart