Attirés par notre travail de ressourcement autour des ruches troncs et des abeilles noires, des internautes nous écrivent, à la recherche d'abeilles noires issues d'élevage le plus naturel possible. C'est une demande fréquente qui nous touche, elle exprime une prise de conscience, un manque.
Il n'existe pas de solution magique pour remonter le temps, pour effacer 50 ans d'agriculture et d'apiculture intensive qui ont, entre autres dégâts humains, animaux et paysagers, généré le recul de l'abeille noire. Mais il demeure possible d'innover pour sortir du productivisme à court terme, qui sévit aussi en matière d'élevage d'abeilles. Il est possible de laisser plus de latitude d'expression au génie génétique des abeilles.
Cela signifie en clair, arrêter de courir après de la graine d'abeille prétendue performante, dans un schéma de dépendance vis-à-vis des marchands de semences, comme évoque très bien un apiculteur dans
une émission de France Inter qui a eu l'intelligence de lui donner la parole (dernier tier de l'émission).
Cela consiste globalement à retrouver les savoir-être et savoir-faire avec les abeilles que nous avons sous la main, plus ou moins ou passablement noires, malgré toutes les introgressions génétiques de ces dernières décennies. Notre projet est que ces abeilles (qu'elles quelles soient) noircissent le plus possible. Qu'elles retrouvent leur rusticité, en intervenant le minimum et en favorisant leur concentration dans des lieux spécifiques.
Processus simple, dont l'efficience a souvent été mise en évidence par le Docteur Pritchard, actuel président de la
SICAMM.
Aussi nous conseillons aux internautes en demande:
- de rester en contact avec nous s'ils se sentent concernés par notre projet de centre de ressources coopératif d'abeilles noires.
- de ne pas chercher trop loin, des abeilles noires survivent près de chez vous, dans les recoins de vos collines, dans les jardins ouvriers.
- de se tourner vers des apiculteurs qui ne proposent pas de reines sélectionnées, inséminées, estampillées, etc. De se rapprocher de ceux qui travaillent avec «la locale», «la bâtarde», qui leur tombe du ciel directement des mains de l'Eternel.
Abeilles qui, selon les coins de France, sont encore, avec un peu de chance assez noires ou du moins passablement, par la robe et le comportement. Ce qui au fond est essentiel pour nous.
De même que pour le Cheyenne, il est essentiel que le cheval ait l'allure et le caractère du mustang. Qualités identifiables par les savoir faire transmis, l'expérience pratique et la connaissance sensorielle, autrement dit ce qu'il y a de culture dans l'apiculture.
Nous n'avons pas
LA solution au problème de la raréfaction des abeilles noires. Simplement, en fonction des possibilités, nous expérimentons
DES solutions. Pour cela, forcément, nous innovons un peu, avec le conseil de chercheurs de différents laboratoires et le soutien de responsables publics et privés, et surtout à la lumière des savoirs apicoles que nous ont précédés et de ceux qui sont encore parmi nous, invisibles et modestes, comme le sont ceux qui n'enseignent pas et se contentent d'être exemplaires sans chercher à l'être.
A travers la recherche d'autres abeilles s'exprime celle d'une autre apiculture. C'est pour y contribuer que nous travaillons à rendre visible et à repeupler ce
magnifique rucher de Saint Maurice de Ventalon. Pour tendre une perche à ceux qui, comme nous ont envie de «sortir du cadre» des dogmes apicoles et des divers «ismes» de plus en plus indigestes. Il nous importe de raconter l'histoire de ce rucher, le savoir-être et savoir-faire de son dernier maître des abeilles, André Velay, père de Jean Paul et Gilbert, membres de l'Arbre aux Abeilles.