Sinon beaucoup de gens se demandent comment nous soignons nos abeilles. Par exemple un internaute nous demande le 17 janvier 2012 à 13h16'34'' de manière très concise: «Bonjour, pourriez vous me dire comment vous traitez le varroa, merci».
Notre réponse est hyper simple: «ne faisons pas aux abeilles ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fasse à nous-même».
Soigner les abeilles avec tel ou tel médicament licite et/ou efficace est important, mais le traitement médical le plus important ne porte pas de nom et n'est pas breveté. Il consiste à donner une bonne vie à l'abeille, à lui permettre de se construire un terrain sanitaire durable, en travaillant dans une dynamique d'élevage plutôt que d'exploitation. Cette tendance émerge de plus en plus en Europe et ailleurs, en apiculture comme dans d'autres secteurs de l'agriculture.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, lire les ouvrages de Jocelyne Porcher à ce sujet (ça parle de cochons mais c'est pareil –
voir ici son dernier livre ). Exploiter le vivant paraît aujourd'hui contreproductif, plus fantasmatique que réaliste. Il paraît prudent, surtout si on veut vivre de l'agriculture de manière durable d'établir un rapport d'échange entre éleveur et élevés. De réduire la pression.
Concrètement, nous traitons les abeilles en les installant dans des lieux non biocides, où nous aimerions vivre et où nous aimons leur rendre visite. Cela permet aux abeilles d'avoir du bon air, de la bonne eau, de bonnes fleurs. Nous les traitons également en appliquant à leur égard une parole clef de Lao Tseu : "...gouverner comme on cuisine les petits poissons, en les remuant le moins possible". Cela signifie pour nous ne pas déplacer les colonies d'abeilles, à les laisser dans un lieu qui est le leur, leur territoire. Nous trouvons plus adapté aussi aux urgences contemporaines de laisser au vestiaire les préjugés dogmatiques sur telle ou telle approche vétérinaire (nous n'avons aucun secret original pour résoudre le problème du varroa). Nous traitons les abeilles en essayant de choisir pour elles la solution qui nous parait la meilleure vu le contexte, l'état de la colonie, la nature de la ruche, les informations dont nous disposons sur la conduite millénaire des ruchers troncs, et toujours dans l'idée que nous ne sommes pas à l'abri des surprises, que nous serons toujours des «apprentis» auprès de ces «pharmaciennes ailées», comme les appelait Naoum Ioïriche, le dernier directeur de l'institut d'apithérapie d'URSS.
Est ce étonnant? En suivant ces règles, dans les milieux où nous les élevons, les abeilles se portent très bien, ne disparaissent pas, ne meurent pas de mort non naturelle. Ce qui contribue à établir que c'est le terrain sanitaire et l'environnement qui est la base de la santé, et non pas les médicaments, puisque nous n'utilisons rien d'autre qui ne soit utilisé dans d'autres secteurs du territoire européen.