Visiter la galerie photo Visiter la galerie photo  
 
ACTUALITÉS

Fête de l’abeille noire 2023

Agenda

Dernières nouvelles

Inscription à la Newsletter

Archives

Fête de l’abeille noire 2022

Fête de l’Abeille Noire et des Gastronomies 2018

  DERNIÈRES NOUVELLES

N° 29 - AOUT 2016
 
Chers tous,

Cette année, c'est le CANIF conservatoire d'abeille noire d'Île de France qui organise la Fête de l'Abeille Noire à Bullion, dans le Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse (Yvelines).

 

Nous avons décidé cela dans le cadre de notre Fédération européenne des Conservatoires de l'abeille noire (FedCAN). Afin que cette fête inventée à Pont-de-Montvert, Lozère, tourne, évolue, se partage, essaime. Afin que se diffusent nos actions traditionnelles et innovantes.

Que les inconditionnels des montagnes cévenoles et lozériennes se rassurent. La fête de l'Abeille Noire aura lieu à Pont-de-Montvert en novembre 2017 et à l'avenir de façon bisannuelle.

Pourquoi? Pour ne pas nous et vous épuiser, pour en renouveler la forme et le contenu. L'édition 2017 répondra à la question fondamentale du devenir de l'abeille noire, est-elle un animal sauvage, ou domestique comme le législateur l'affirme. Dans la foulée il affirme aussi que toutes les abeilles de France, espèces sociales ou solitaires confondues, sont des abeilles domestiques. Ce n'est pas un gag, Pollinis a commandité une étude au juriste de l'environnement Pierre Barois. Vous pouvez écouter/télécharger sa conférence «L'Abeille Noire hors-la-loi?» lors de la Fête de l'abeille noire 2016.

Cette non-distinction est fondamentale car un animal déclaré par la loi domestique est taillable et corvéable à merci alors qu'un animal sauvage est protégé par des conventions internationales et le Musée National d'Histoire Naturelle, exemples la grenouille rousse, l'écureuil roux, la salamandre, etc... Il y a beaucoup à débattre, inventer, progresser dans ce domaine qui sera la thématique centrale avec une expo photo fabuleuse de Philippe Boyer, auteur du livre « Abeilles Sauvages ».


 
Abeille sur fleurs de sarrasin – rucher conservatoire «Vallée de l'Abeille Noire (Lozère)» – Association l'Arbre aux Abeilles
Abeille sur fleurs de sarrasin – rucher conservatoire «Vallée de l'Abeille Noire (Lozère)» – Association l'Arbre aux Abeilles

Avoir une programmation biennale de la fête nous permet aussi de mener un chantier qui intéresse toutes les abeilles, vertes, bleues, noires, sauvages où tamponnées domestiques.  Voilà pas mal de temps que nous râlons sur le menu lamentable offert aux abeilles, trop peu de fleurs ! Si elles ne sont pas empoisonnées, elles sont trop rares ou trop identiques, ne constituent plus un menu assez équilibré et gastronomique pour l'abeille, base de son plaisir et de son bien-être.

Cette année, avec l'aide de nos partenaires, nous avons donc consacré une bonne partie de notre énergie à planter des fleurs… pas pour faire seulement joli mais pour retrouver des pratiques agricoles favorables, gastronomiques, rentables, réellement écologiques et favorables à l'entomofaune. Car ici un peu moins qu'ailleurs certes, nous avons une pente colossale à remonter dans ce domaine, « afin de laisser aux générations futures à minima ce que nous avons reçu en héritage », comme le dit le Président Garnery.

 
Physiocrates et mercantilistes

La déprise agricole au profit du développement de l'industrie est flagrante en Europe, terres abandonnées, milieux qui se referment s'appauvrissent, tandis que s'appauvrit la biodiversité dans les plaines de grande culture et les diverses pratiques agricoles industrialisées. C'est le résultat d'une histoire peu racontée dans les écoles.

Au milieu du 18e siècle se sont affrontés deux écoles de pensée tendant à organiser et faire croître la richesse des États. Issues globalement des mêmes classes dirigeantes à l'époque, ces deux courants s'opposaient fondamentalement.

Les mercantilistes prônaient l'essor industriel et commercial, afin de dégager un excédant permettant l'accumulation de l'or et la richesse de l'État (et de son Prince en premier lieu).

Pour les physiocrates (physiocratie signifiant étymologiquement «gouvernement par la nature»), la seule activité réellement productive de richesse est l'agriculture. Ils considéraient de plus que la richesse d'un pays était celle de ces habitants, tout autant que celle de l'État. Les activités de commerce et d'industrie étant tenues par les physiocrates comme stériles. Ce courant de pensée a été tellement occulté qu'il en est presque ésotérique. Et pourtant si réaliste, pour qui aime la tradition et l'innovation dans la tradition.

En dehors des nombreuses autres subtilités qui distinguent ces deux courants de pensée, vous devinez facilement qui a gagné la bataille et qui a influencé notre économie moderne. Les fleurs ont perdu la bataille, elles, si essentielles pour notre plaisir et notre bien-être et celui des abeilles.

Abeille sur champ de sarrasin – rucher conservatoire «Vallée de l'Abeille Noire (Lozère)» – Association l'Arbre aux Abeilles
Abeille sur champ de sarrasin – rucher conservatoire «Vallée de l'Abeille Noire (Lozère)» – Association l'Arbre aux Abeilles
 
On n’arrête pas le progrès…

On n'arrête pas le progrès… Mais le progrès n'est peut être pas du côté de l'industrialisation à outrance et de la spéculation financière. Il est peut-être du côté des fleurs, des fleurs utiles à l'insecte comme à l'homme, dans l'acceptation de partager le monde avec ses autres occupants, de penser autrement que Picsou.

La pensée des physiocrates n'a pas orienté notre modernité… peut-être peut elle encore le faire ? Peut-être sommes-nous en train de devenir des physiocrates, contraints et forcés par le progrès du désastre environnemental et biocide. Nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons pu faire ou de ce qu'à fait notre espèce.

C'est loin d'être la première fois (et espérons… loin d'être la dernière) que l'humanité se fourvoie: philosophie funeste, théories scientifiques erronées, choix politiques démentiels… les exemples ne manquent pas. Agir c'est avant tout se tromper… mais aussi apprendre et corriger ses erreurs.

A nous de voir, de sentir. Comme les fleurs, chacun d'entre nous a une puissance d'action et cette puissance n'est pas sans influence sur la puissance des acteurs économiques et politiques à qui nous déléguons une bonne partie de notre puissance.

 
Fleurs de sarrasin

Nous avons donc utilisé notre puissance, celle de nos membres, de nos sponsors et des pouvoirs publics qui nous soutiennent, pour planter deux hectares expérimentaux de fleurs, des fleurs pour les abeilles noires, car ces deux hectares ont été semés dans la zone du rucher conservatoire sur lequel nous travaillons depuis bientôt dix ans avec des chercheurs de différentes branches. Mais aussi des fleurs pour les humains car le sarrasin sera récolté et transformé pour notre alimentation et notre plaisir.

Champ de sarrasin – rucher conservatoire «Vallée de l'Abeille Noire (Lozère)» – Association l'Arbre aux Abeilles
Champ de sarrasin – rucher conservatoire «Vallée de l'Abeille Noire (Lozère)» – Association l'Arbre aux Abeilles
 

Deux hectares c'est peu dans cette zone de montagne laissée dans sa grande majorité à la forêt, à l'élevage extensif et à l'abandon. Mais la récolte à venir qui s'annonce belle nous permettra de transformer, expérimenter diverses recettes, en lien avec les traditions liées au sarrasin. Cette plante remarquable de la famille des Polygonacées fut autrefois cultivée partout en Europe sur les terres acides et pas seulement en Bretagne, où la culture s'est maintenue. 

Il est urgent de mettre en évidence les avantages, la puissance de ces fleurs, qui permettent d'enrichir sensiblement le menu des abeilles, d'aller vers une transition agricole, où les intérêts sont partagés, où on ne saurait conserver l'abeille noire sans un travail de fond sur le paysage, sans retrouver une cohérence, une harmonie entre économie et écologie.

Cette expérience avec le sarrasin, à laquelle contribuent aussi des amis bretons, est pour nous emblématique de notre recherche globale de traditions agricoles plus respectueuses du vivant. On ne peut pas conserver une espèce sous une cloche en verre, dans une réserve ridiculement petite, nous sommes condamnés à reconsidérer l'ensemble, à chercher des solutions innovantes, cohérentes.

C'est une aventure formidable.

En novembre 2017, ce sont ces fleurs et ces récoltes que nous fêterons, avec force préparations à base de sarrasin. Il y aura bien d'autres choses à fêter d'ici là, vous en serez les premiers informés. Comptez sur nous pour continuer à utiliser au mieux notre puissance d'action et celle qui nous est donnée par nos soutiens.
Nous comptons sur vous pour que vous continuiez à utiliser la vôtre !


L'équipe de rédaction